Le Saison (Uhaitza en Souletin) naît en amont de Licq, de la confluence
des gaves de Larrau et de Sainte-Engrâce. Il traverse la Soule, du nord
au sud sur 54 km, jusqu'au Gave d'Oloron qu'il rejoint en aval de Sauveterre,
draînant plus de 350 km d'affluents.
Son bassin versant a une surface d'environ 630 km² auxquels on peut ajouter
80 km² provenant du karst de la Pierre Saint Martin.
(carte)
De nombreux ruisseaux alimentent les deux gaves en amont.
L'influence à la fois montagnarde et océanique amène un
régime pluvio-nival avec une pluviométrie annuelle de 1200 à 2000 mm. Ceci
conjugué à de fortes pentes engendre des vitesses de courant importantes
et des crues brutales et destructrices.
<------ dénivelé entre Les Forges de Larrau (533m) et Menditte
(180m) soit environ 24 km
Soumis aux précipitations, à la fonte des neiges, à l'activité des karsts,
les écoulements du gave peuvent prendre un caractère furieux et violent
comme en témoignent les crues de 1937 (460 m³/s entre le Pont d'Abense et
l'Aphoura) ou de 1992 (400 m³/s). La propagation est particulièrement rapide:
1h30 entre le Pont de LIcq et la confluence avec l'Aphoura (environ 8 km)
<--- crue du 2 novembre 2002, les jardins à Tardets.
Crue du 6 novembre 2011(diaporama)
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Souvent mise au devant de la scène, la gestion de l’espace
rivière apparaîit comme un véritable serpent de mer
dans le monde de la pêche.
Des disciples de la non-gestion, aux partisans des enrochements, un monde
plein de « bon sens » circule au bord de nos rivières.
Pleins de certitude, nous oublions souvent qu’une rivière est
un écosystème très complexe et très fragile,
éloignons-nous donc de toutes conclusions hâtives.
Malgré tout, et bien au delà des conflits d’usage
classiques, une réalité saute aux yeux, nos poissons, et
donc le monde la pêche, paient actuellement les pots cassés
du modèle de gestion de l’espace rivière des 50 dernières
années.
Nous vous invitons à télécharger et parcourir l’étude
sur « l’impact de la chenalisation des cours d’eau »
réalisée par deux instituts, le Cemagref et l’Epteau
dont une partie figure en bas de cette page. Elle met comme on dit : les
points sur les « i »
En se basant sur ce document, une transposition de photos anciennes et récentes
sur le Gave du Saison, permet d’avancer quelques pistes de réflexions
sur la baisse des peuplements piscicoles, après guerre……..
En mettant de coté les autres atteintes aux milieux et à nos
poissons : pollutions diffuses (voir le CR de l'unité de recherches Maly), prédations et climats, force est
de constater que notre gave a subi de grosses altérations mécaniques
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Le gave, à caractère torrentiel, évoluant sur des couches alluviales facilement érodables, mobilise d'énormes quantités de matériaux et le lit montre une forte tendance à la divagation :
Le pont d'Abense en ... un siècle !
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Alors, on essaie de le maîtriser , autrefois en brisant le courant et maintenant en remontant les rives et en favorisant l'écoulement. Le gave devient peu à peu un canal rectiligne, rapide, où l'eau baisse aussi vite qu'elle monte.
A Tardets, les anciens gabions ont disparu. Le courant n'est plus freiné, la rive est protégée par un enrochement... provisoire !
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Des atterrissements ont été réhaussés et aménagés. C'est du terrain gagné pour les riverains mais c'est aussi une zone d'expansion en moins.
Le gave passait au pied du mur.
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On a construit sans études préalables, sur des zones qui se sont révélées inondables. Il a fallu protéger les habitations.
Au pont d'Alos, la rive gauche a été remontée et renforcée par un enrochement, protégeant des habitations en amont et en aval.
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Une nouvelle route évite maintenant la traversée du village.
Entrée du village de Laguinge
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Plusieurs barrages ont modifié le cours mais aussi le régime.
Dernier en date : le barrage d'Etchelu sur le Larrau.
L'article L232-3 du code rural stipule que "lorsqu'ils
sont de nature à détruire les frayères, les zones de
croissance ou les zones d'alimentation ou de réserve de nourriture
de la faune piscicole, l'installation ou l'aménagement d'ouvrages
ainsi que l'exécution de travaux dans le lit des cours d'eau sont
soumis à autorisation. Cette autorisation fixe les mesures compensatoires
visant à remettre en état le milieu naturel aquatique.
Dans cette optique, le Ministère de l'environnement avait commandité
au CEMAGREF une étude visant à élaborer une typologie
des rivières....
Voici un extrait du rapport :
Titre:
Impacts écologiques de la chenalisation des rivières
Titre : Ecological impact of river channelization
Auteurs: WASSON J.G., MALAVOI J.R., MARIDET L., SOUCHON Y., PAULIN L.
Résumé : Le terme de chenalisation englobe tous les aménagements de rivière visant à accélérer l'écoulement par surdimensionnement et simplification de la géométrie des lits mineurs, et réduction de la rugosité, dans le but principal de réduire les inondations. Des ouvrages de stabilisation (seuils, digues), et des actions d'entretien du lit (curage, dragage, nettoyage de la végétation) accompagnent souvent ces interventions. La chenalisation entraîne des effets parmi les plus destructeurs des équilibres écologiques et des processus fonctionnels des rivières. Les impacts biologiques sont particulièrement graves et durables. Les biomasses piscicoles sont réduites dans des proportions considérables, de l'ordre de 80%, les poissons d'intérêt halieutique étant les plus affectés. Les impacts physiques sont irréversibles selon des processus naturels en dessous d'un seuil d'énergie potentielle en crue. Sans récupération de la structure et de la dynamique physique, il n'y a pas de récupération biologique. Dans certaines régions, cette situation concerne la majorité des cours d'eau. Le présent rapport explicite les bases scientifiques pour l'évaluation de l'impact écologique d'un aménagement de rivière. Sont abordés : 1) le concept écologique d'habitat aquatique. 2) les principes de morphodynamique fluviale. 3) une typologie des aménagements, 4) leurs impacts sur le milieu physique, 5) la réversibilité de ces impacts, 6) les impacts sur le fonctionnement des écosystèmes, 7) les impacts sur les peuplements aquatiques, d'après la littérature et des études de cas en France. Enfin, 8) est proposé un "indice L.I.T. d'artificialisation" pour évaluer à priori l'impact écologique des aménagements de type chenalisation.